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Le miroir de l'histoire de l'Empereur de Chine

Samedi 27 janvier 2024

France, vers 1700

Travail français vers 1700

d'après Jean Bérain (Français, 1640-1711) et Jean-Baptiste Monnoyer (Français, 1636-1699)

Miroir de l'histoire de l'Empereur de Chine

en verre églomisé noir et or avec des rehauts de nacre sur une glace au mercure peinte à décor de chinoiseries avec éléphant, pagode, oiseaux mirifiques, scènes de cour et animées, animaux exotiques et palmiers.
Encadrement et ornementation en bois doré ajouré composée d’entrelacs, rinceaux et coquilles.

Haut. 92,5 Larg. 75,5 cm.

Provenance : collection monégasque.

French School, early 18th C. A large verre églomisé and mother-of-pearl mirror. In a giltwood frame.

L'Empereur de Chine à la cour de Louis XIV

La relation de l'Ambassade de la Compagnie Orientale des Provinces Unies vers l'Empereur de Chine captive toute l'Europe après sa publication par Jean Nieuhof en 1665. Les 143 dessins publiés sont reproduits avec ferveur, dans une quête d'exotisme qui redouble en France après l'Ambassade du Siam à Versailles en 1686. Dès 1685, Louis XIV envoie à son tour des objets scientifiques à l'Empereur de Chine par le biais d'une ambassade de Jésuites, dirigée par le Père de Fontaney. La même année, la manufacture de Beauvais tisse une première Tenture de l'histoire de l'Empereur de Chine d'après des cartons de Vernansal, Monnoyer et Belin de Fontenay. Une Chine fantasmée y est mise en scène à travers neuf panneaux qui inspirent largement l'auteur de notre miroir.

On reconnait sur cette glace l'Empereur de Chine, dans la partie haute, rendant justice entre un singe facétieux et un éléphant en liberté, tandis que dans la partie inférieure, sous son dais et devant la tour de Nankin il tient une audience face à un éléphant se prosternant à ses pieds. Sur le montant droit l'Empereur se promène au milieu d'animaux exotiques, dromadaire et autre montreur de singe tandis que sur la gauche des musiciens charment un lion au son de la clarinette et jouent du tambourin pour un dragon de Komodo. La liberté de représentation du sujet doit beaucoup à l'ornemaniste Jean Bérain. Dessinateur de la Chambre et du Cabinet du roi en 1675, Bérain surveille la préparation des fêtes, des mascarades et des pompes funèbres royales. Surtout, il rénove les motifs de grotesques et d'arabesques dont le recueil des ornements, qu'il a inventé, est publié à la fin du règne de Louis XIV.

Ce miroir d'une insigne qualité rend donc hommage tant au goût pour la Chine qu'à celui pour l'ornement qui saisit la France sous le règne du roi Soleil. Il est également le témoin d'une prouesse verrière qui rayonne à travers toute l’Europe depuis la Galerie des Glaces. Le décor de cette grande glace au mercure est en effet dit églomisé, suivant une technique de peinture sous verre remontant à l’Antiquité mais popularisé par le Français Jean-Baptiste Glomy (1720-1786). Le décor est peint en deux applications, une opaque à l’encre noir, l’autre en glacis doré pour le décor. L'aspect de ces miroirs répond aux meubles en marqueterie Boulle qui triomphent à la même période. Ici, ce n'est pas un fonds rouge semblable à l'écaille de tortue mais un fond noir, avec de rares rehauts de nacre, semblable aux meubles en laque, qui illumine le cadre. Seuls trois grands miroirs avec frontons additionnels en verre églomisé ont été conservés de cette époque : celui du musée des Arts Décoratifs à Paris, celui du château de Serrant et celui vendu par Me Rouillac à Vendôme en 1988. De plus petites dimensions, notre miroir en verre églomisé appartient à un groupe à peine plus nombreux, dont on retrouve une poignée d'exemplaires dans de prestigieuses collections.
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