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Une méduse aux formes organiques

Vendredi 26 janvier 2024

par Paul Jenkins

Paul Jenkins (Américain, 1923-2012), "Phenomen Medusa Seen", 1970

Paul Jenkins (Américain, 1923-2012)

"Phenomena Medusa Seen", 1970

Toile.
Signé en bas. Dédicacé "for David+ Sheila", titré, daté "November, 19, 1970", situé "Paris" et contresigné.

Haut. 130 Larg. 97 cm.

Provenance : ancienne collection Sheila et David Douglas Duncan, Mouans-Sartoux.
Paul Jenkins, 1970. An acrylic painting entitled "Phenomena Medusa Seen". Signed and dedicated to David Douglas & Sheila Duncan.

Exposition : "Paul Jenkins, oeuvres 1953-1986", musée Picasso au château Grimaldi, Antibes, du 18 mai au 26 juin 1987 (étiquette au dos).

La Méduse de Jenkins pour le photographe des artistes

Un peintre inclassable

Paul Jenkins est un inclassable, à la frontière de plusieurs courants, tout comme son ami photographe David Douglas Duncan, pour qui il réalise Medusa Seen. Jenkins est un abstrait, sensible aux expérimentations des Américains, Français et Japonais, qu'il nourrit de ses voyages et de ses rencontres avec Jackson Pollock ou Mark Rothko. Mais sa vision est unique, tout autant que ses techniques, qu'il renouvelle constamment au gré de ses expérimentations. De la même manière Duncan est aussi bien un photographe baroudeur, couvrant toutes les guerres de son temps, dans le Pacifique, en Corée et au Vietnam, que l'oeil et l'ami des artistes, notamment de Picasso, chez qui il est l'un des rares à avoir table ouverte.

1960 et le début des "Phenomena"

En 1960 débute chez Jenkins "Phenomena", une série de peintures à l’huile puis à l’acrylique. Avec son couteau d’ivoire, Jenkins étend finement la matière sur la toile, rappelant la vision d’un "aileron de requin fendant la surface de l’eau". Chacune des oeuvres est intitulée « Phenomena », augmentée d'une phrase ou de mots-clés. Elles illustrent « la saisie de la réalité dans ses métamorphoses perpétuelles, à la fois l’acte de peindre et son résultat final ». Jenkins choisit pour Duncan "Medusa Seen" : la méduse vue. Depuis l'Antiquité, chacun sait que le regard de Méduse, dont la tête est accrochée sur le bouclier de Persée, transforme en pierre ses adversaires. Celui qui a vu Méduse et a survécu est donc d'une adresse extraordinaire, tel David Douglas Duncan, l'oeil de son temps, qui immortalisa en noir et blanc de si nombreux conflits. Jenkins choisit délibérément du noir et du blanc, de façon symbolique et expérimentale, pour cette méduse aux formes organiques, qu'il dédicace à David et à son épouse Sheila.

La toile sera ensuite exposée au musée Picasso d'Antibes, dans la rétrospective voulue par Jenkins lui-même, comme le témoignage d'une amitié fidèle et du compagnonnage entre un peintre et un photographe... inclassables !
Aymeric Rouillac et Brice Langlois
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