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Le bon jardinier de Joséphine

Jeudi 25 janvier 2024

par Jean-Claude-Michel Mordant de Launay

Jean-Claude-Michel Mordant de Launay (Français, 1750-1816)

Le bon jardinier. Almanach pour l'an 1807...

Dédié et présenté à Sa Majesté l'Impératrice Reine par M. de Launay
Fort in-12. LXXX et 875 pages.
Plein maroquin vert à grains longs. Encadrement de trois filets droits dans lesquels s'inscrit une large roulette de pampres ; dans les angles, la roulette s'arrête au trait d'un quadrilatère formé par le croisement des filets droits, portant en son centre une couronne de laurier dans laquelle est poussée la lettre J - initiale de Joséphine.
Armes de Napoléon au centre des plats.
Dos sans nerf, divisé en 6 compartiments, dont 1 pour le titre. Aigle impériale dans le compartiment de tête, entourée d'abeilles et de couronnes de laurier ; fers à motif floral ou végétal dans les autres compartiments, cernés d'abeilles et de fleurs de lys. Fers droits et hachurés sur les coupes. Roulette intérieure ; gardes de tabis de soie rose ornées d'une roulette figurant une guirlande de fleurs.
Toutes tranches dorées.
Reliure du temps signée "Rel. Le Febvre" en queue.

L'exemplaire est imprimé sur un papier vergé fin de grande qualité, très blanc, exempt de tout défaut et de toute rousseur.
(petites éraillures à la coiffe de queue rendant difficile la lecture de la signature)

L’exemplaire porte l'ex-libris de la bibliothèque de Rodolphe Auguste d'Ornano.

Jean-Claude-Michel Mordant de Launay. An encyclopaedia of gardening entitled "The good gardener, Almanac for the year 1807..." dedicated and presented to French Empress Joséphine by the author.

Le bon jardinier de Joséphine

L'intérêt de Joséphine pour la botanique

Émouvant exemplaire de dédicace "A Sa Majesté l'Impératrice-Reine", Joséphine, née Marie Josèphe Rose Tascher de la Pagerie, qui fit de sa propriété de la Malmaison, de 1800 à 1814, le plus beau jardin d'acclimatation de France, avec passion et compétence.

« En son temps, hormis les savants et professeurs du Muséum d'histoire naturelle de Paris, personne mieux que Joséphine ne s'intéressa à la botanique. Combinant habilement utile et agréable, elle contribua à l'enrichissement de la connaissance scientifique tout en satisfaisant sa passion du luxe. L'acclimatation des espèces rares ramenées par les botanistes-explorateurs envoyés en expédition se conjuguait avec la sélection des plantes pour leur beauté, leurs coloris et le parfum de leurs fleurs.».
(Catalogue de l’Exposition « Joséphine, La passion des fleurs et des oiseaux », organisée au Musée National de Malmaison, en 2014).

"La prévoyante et inépuisable libéralité de Votre Majesté Impériale et Royale nous prépare encore de nouvelles richesses en faisant établir dans son beau jardin de Malmaison des pépinières d'arbres étrangers et utiles, dont elle a déjà fait répandre grand nombre d'individus dans les divers départemens de la France, les plus favorables à leur naturalisation..." Dans sa dédicace "A Sa Majesté l'Impératrice-Reine," imprimée en caractères de civilité (pages XIV et XV), Mordant Delaunay célèbre le rôle de Joséphine dans l'introduction en France de nombreuses espèces de plantes, fleurs et arbres, tels les magnolias ou les camélias, apportés du monde entier par les navigateurs au long cours sous forme de plants, semences ou graines qui pouvaient s'acclimater dans l'orangerie, construite en 1800 et où poussaient 300 plants d'ananas, ou dans la très grande serre chaude construite en 1805.

C'est l'impératrice qui commanda à Redouté les célèbres aquarelles de liliacées et de roses. C'est à elle que l'on doit l'introduction en France de la plupart des espèces de magnolias, des camélias et de plus de 200 plantes, fleurs et fruits exotiques. À la mort de Joséphine, en 1814, 250 variétés sélectionnées de roses, venues parfois d'Angleterre ou des Antilles, ornaient les jardins de la Malmaison.

Une reliure "bordure de vigne"

Les reliures aux armes de "l'Impératrice jardinière" sont très rares. Une reliure à ses armes signée par un maître-relieur, portant l'initiale J du prénom chéri par l'Empereur, sur l'almanach des jardiniers qui lui est dédié, est sans doute l'une des plus désirables qui soit.

P. Le Febvre, neveu des Bozérian, apprit son art dans leur atelier. Il s'associa à Jean-Claude Bozérian, puis lui succéda en 1811. Dès 1806-1807, certaines reliures sont signées de son seul nom.
Chose remarquable : alors qu'on se souciait peu au début du XIXe siècle d'orner la reliure des fers en relation avec le sujet du volume, Le Febvre a utilisé, sur le dos de cet ouvrage sur les jardins, des fers "parlant", tels un fer" au palmier" et deux fers de fleurs (rose et lys ?) qui s'ajoutent à la roulette de pampres sur les plats.
Cette roulette de pampres ou "bordure de vigne", qui appartient au matériel des Bozérian, est considérée par Béraldi comme " la plus élégante de l'Empire". Il la reproduit, poussée sur une reliure signée Bozérian, dans son important ouvrage "La reliure au XIXème siècle" (Tome I, page 18). Sur cette reliure de Bozérian, comme sur cet Almanach aux armes de l'Impératrice relié par Lefebvre, des quadrilatères dans les angles - nommés "rosaces" par Beraldi - interrompent la bordure et permettent ainsi d'éviter le chevauchement de la roulette.

Jean-Paul Veyssière
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