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La trousse du barbier de Louis XI

Vendredi 26 janvier 2024

Olivier Le Daim

Le coffret de Jeanne de France, 1485-1500, Musée du Louvres, MS 204
Olivier le Daim et Louis XI

Trousse dite "d'Olivier Le Daim, barbier de Louis XI"

en laiton et cuir sur une âme de bois cloutée. Deux couvercles s'ouvrent par des boutons poussoirs en partie supérieure. Le plus grand découvre trois compartiments, dont deux recouverts d'abattants en laiton gravé. Un compartiment en partie basse.
Accompagné de deux documents autographes, dont un relatif à sa provenance.

Haut. 8,5 Long. 19 Prof. 6 cm.

Un test au carbone 14 (Ciram, Bordeaux, 19 mars 2024) établit deux intervalles de datation : le premier entre 1457 et 1529 le second entre 1542 et 1634.

Provenance selon la tradition :
- retrouvée au château de Plessis-lèz-Tours par un descendant d'Olivier Le Daim, transmise par succession ;
- collection Réville, puis Sauvageot ;
- collection du baron Michel de Trétaigne, transmise par succession ;
- collection du baron de Warenghien, transmise par succession ;
- collection de la Somme.

A brass and leather covered wooden box reputed to have belonged to Olivier Le Daim, barber to French King Louis XI. With two handwritten documents, one of them highlighting the provenance of the box.

Bibliographie :
- Charles Fuinel, "La trousse d'Olivier Le Dain", in "Note d'Art et d'Archéologie", première partie, T.1, Paris, Mersch, 1889, p. 240.
- « Séance du 22 février 1931 » in Bulletin de la Société historique et archéologique de Dunkerque et de la Flandre Maritime », T.XXVIII, 1931, p. 249.

Oeuvres en rapport :
- Ewald Berger, "Prunk-Kassetten : Ornamental Caskets", Arnoldsche Art Publishers, 1998, pour un coffret allemand du XVIIe siècle reproduit p. 235, n°147 ;
- Oliver Impey et C.J.A Jörg, "Japanese Export Lacquer 1580-1850", Amsterdam, Hotei Publishing, 2005, pour un coffret en laque du Japon à destination du marché anglais, reproduit p. 115, n°210 ;
- Nagashima, Meiko, « Japan. Export Lacquer : Reflection of the West in Black and Gold Makie”, cat. Exp., Kyoto, National Museum, 2008, pour un coffret en laque du Japon à destination du marché anglais reproduit p. 128, n°88.


Un rare coffret à l'histoire palpitante

Peu d’objets du XVe siècle sont conservés de nos jours. Parmi les quelques pièces recensées, le coffret de Jeanne de France (1464-1505), fille cadette de Louis XI, est resté conservé avec ses reliques au monastère de l’Annonciade à Bourges jusqu’à la Révolution, avant d’être offert au musée des Souverains par Jules Dumontet en 1853 (Louvre, MS204). C'est à la même période que notre trousse dite « d’Olivier Le Daim, barbier de Louis XI » entre dans les collections du graveur Jean-Baptiste Reville (1767-1825), puis du violoniste Alexandre-Charles Sauvageot (1781-1860), avant d’appartenir au baron Michel de Trétaigne (1780-1869). Médecin, ce dernier participe aux campagnes de l’Empire, puis reprend du service sous la Restauration comme médecin de l’état-major de Paris.

Luxueuse trousse médicale

La destination médicale de la trousse suscite l’intérêt de ce collectionneur. Si elle s’inscrit dans une typologie que certains imaginent comme des étuis de voyage, possiblement allemands, de la seconde moitié du XVIIe siècle (Berger, op.cit.), d’autres y reconnaissent des boîtes d’instruments de chirurgie. Les modèles les plus luxueux, en laque, sont exportés depuis le Japon dès 1618 à destination du marché anglais (Imprey et Meiko op.cit). Charles Funiel, dans son article publié en 1889, précise que la partie inférieure reçoit les rasoirs, tandis que la partie supérieure sert de réceptacle à la savonnette, au linge et autres petits objets - et pour cause, la fonction de barbier occupée par Olivier Le Daim visant la pratique de la petite chirurgie.

Le conseiller noir de Louis XI

La trousse aurait été retrouvée par l’un des descendants d’Olivier Le Daim au Manoir de la Rabaterie, qu’il occupait à proximité immédiate du château de Plessis-lèz-Tours. Si Olivier Le Daim (1428-1484) inspire les auteurs romantiques dont Walter Scott, Victor Hugo ou Casimir Delavigne, il est au XVe siècle l’un des personnages les plus intimes du souverain Louis XI (1423-1483). Qualifié d’Olivier « Le Mauvais » ou « Le Diable », par traduction extensive de son nom flamand et en raison de l’influence de ses méfaits, le roi impose une substitution à ces surnoms : Olivier de Neckere devient ainsi Olivier Le Daim. Il est un exemple flagrant d’élévation sociale : d'extraction modeste, il devient comte de Meulan en 1474, après s’être emparé de la ville de Tournai. Le sommet de sa carrière diplomatique est atteint par la réception, le 5 septembre 1480, du cardinal de Bourbon et du légat du pape, Julien della Rovere, lui-même élu au pontificat en 1503. La mort du roi en 1483 marque aussi la chute d’Olivier Le Daim, qui est pendu après s’être vu reprocher un certain nombre de crimes, qu'aujourd’hui les historiens remettent en question. Cette boîte au pedigree prestigieux est donc l'une des rares évocations du conseiller de l'ombre du roi que l'histoire a surnommé l'Universelle Aragne !

Brice Langlois
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