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Les quatre saisons

Vendredi 26 janvier 2024

par Alphonse Mucha

Portrait d'Alphonse Mucha

Alphonse Mucha (Prague, 1860-1939)

Les Saisons, 1896

Quatre lithographies originales en premier état (sur cinq au total).
Signées dans la planche.

Haut. 107 Larg. 56 cm.

Le printemps (froissée en bas à gauche)
L’été (petite rousseurs en bas à droite)
L’automne (un pli en bas à droite)
L’hiver (déchirures en bas à droite)

Provenance : propriété du Gers depuis l'origine.

Alphonse Mucha, 1896. A set of four original lithographs of the first edition of the Four Seasons.

Bibliographie :
- Marina Henderson, Anna Dvorak, « Alphonse Mucha l’œuvre graphique complète », Paris, Academy Editions, 1980, une suite reproduite sous les références P3-6, p. 20-21 et 146 ;
- Jack Rennert, Alain Weill, « Alphonse Mucha. Toutes les affiches & panneaux », Paris, Henri Veyrier, 1984, une suite reproduite p. 92-95.

Les Saisons allégoriques d'Alphonse Mucha

"Les Saisons" de Mucha sont éditées en cinq états introduisant des nuances plus ou moins profondes. Un état est une variante dans laquelle l’artiste a modifié la matrice originale, pour en changer notamment la composition. La multiplication des états entretient par conséquent un phénomène de mode et encourage virtuellement l’appétit des collectionneurs. Notre suite, correspondant à la première version, est donc à envisager comme la pensée initiale de l’artiste. Mucha n’y précise pas le nom des saisons, jugeant probablement les images suffisamment explicites. Par exemple, l’Été est incarné par une femme se rafraichissant au bord de l’eau, tandis que l’Automne est interprété par une belle rousse anticipant la vendange du raisin. Nature et humanité se conjuguent afin de former des images fantasmées.

Le grand succès des Saisons

L’introduction des noms des saisons n’intervient qu’à partir de la deuxième version (ou état). Elle est enjolivée dans la troisième version par un cadre simulé à fond d’entrelacs végétaux. Les planches sont alors imprimées sur soie et dans un format plus modeste (33,8 x 53,5 cm). La demande pour ce cycle est telle que l’imprimeur Champenois pousse à son paroxysme sa démarche commerciale. Il fournit les images à un confrère de Philadelphie, qui à son tour les emploie afin de publier un calendrier en 1898. Au moins deux autres cycles des "Saisons" par Mucha sont édités par Champenois entre 1897 et 1900. Ce thème, employé de façon répétée dans l’histoire de l’art depuis la Renaissance, nourrit à profit les cycles d’estampes de Mucha, en particulier, et les créations du mouvement Art nouveau en général. Et pour cause, les quatre saisons convoquant nécessairement les attributs de la nature. Pour Mucha, l’Hiver est parée à la manière d’une vestale et réchauffe tendrement un oiseau, alors que les branches de cerisier en fleur composent le décor du Printemps.

Reflet des arts à la Belle Époque

"Les Saisons" de Mucha sont à percevoir comme un cycle décoratif témoin des aspirations de son temps. Il a inspiré, à l’évidence, plus d’un artiste autour de 1900. Citons par exemple Prosper Tétrel, qui fournit à la Société anonyme des Anciens établissements Desfossé & Karth le dessin d’un cycle de papier peint intitulé « Saisons des fleurs ». Si le thème n’est pas sans rappeler d’une part l’œuvre de Mucha, le dessin au cerne et aux tonalités pastels confirment d’autre part l’influence du « Maître afficheur de Madame Sarah Bernhardt » dans les arts à la Belle Époque.

Brice Langlois
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