L’amour absolu

par Alfred Jarry

Alfred Jarry (Français, 1873-1907)

"L’Amour absolu", 20 février 1899

Manuscrit autographe signé et daté.
In-8 (Haut. 205 Larg. 158mm - sans compter les onglets).

Collation : 115 pages autographes d’Alfred Jarry, à l’encre noire, foliotées 1-115.

Reliure de l'époque : probablement réalisée pour Victor Lemasle. Dos de chagrin noir, à nerfs, plats de papier marbré (charnières de la reliure légèrement frottées).

Provenance :
- Victor Lemasle (1876-1932), marchand d’autographes et éditeur, notamment du dernier livre d’Alfred Jarry, Albert Samain (Souvenirs), en 1907 ; il vendit certains des manuscrits de Jarry qu’il possédait à
- Louis Libaude, pseud. Louis Lormel (1869-1922), marchand de tableaux ; par descendance ;
- collection particulière.

Exposition de ce manuscrit :
- "Expojarrysition", Galerie Jean Loize, Paris (18 palotin au 8 gidouille 80), du 7 mai au 20 juin 1953, n° 419 ;
- "Alfred Jarry 1873-1917", Graphisches Kabinett, Kunsthaus Zürich, du 14 décembre 1984 au 10 mars 1985, n° 91.

Alfred Jarry, Feb. 20, 1899. An autograph manuscript entitled "L'amour absolu". Signed and dated.

Bibliographie :
- Œuvres complètes (dir. Henri Béhar), III, Paris, 2013, p. 467 et suiv. (notice de Paul Edwards) ;
- Œuvres complètes (pléiade) I, Paris, 1972, p. 917 et suiv., p. 1257 et suiv. ;
- Patrick Besnier, Alfred Jarry, Paris, 2005, p. 395 et suiv.

Webographie : manuscrits de Jarry aujourd’hui connus : http://alfredjarry.fr/amisjarry/fichiers_ea/etoile_absinthe_132_133.pdf (p. 24 et suiv., avec une erreur confondant un fac-similé conservé à la Bibliothèque Littéraire Jacques Doucet avec un manuscrit inexistant - ce que nous ont bien confirmé les conservateurs de cette bibliothèque, ainsi que La Société des Amis d’Alfred Jarry. Nous les en remercions ici.).

Remarquable manuscrit autographe d'Alfred Jarry :
un des deux manuscrits aujourd’hui connus de l’Amour absolu, celui de Louis Lormel « couronnant » l'"Expojarrysition".
Le manuscrit est vendu avec son certificat d’exportation.

La rédaction de L’Amour absolu fut achevée le 20 février 1899, comme l’indique la date à la fin de ce manuscrit. Entre-temps, Jarry avait écrit plusieurs œuvres, dont Faustroll (voir lot précédent). Alfred Vallette et le Mercure de France ne voulurent probablement pas prendre un risque commercial en publiant L’Amour absolu. Jarry fit donc imprimer ce court roman à ses frais “à très petit nombre [cinquante exemplaires numérotés, plus quelques exemplaires d’auteur] et en fac-similé autographique” (lettre d’Alfred Jarry du 19 octobre 1905). La vente fut un échec. En 1905, une trentaine des exemplaires déposés au Mercure de France étaient encore disponibles.

Ce manuscrit de L’Amour absolu a été présenté lors de l’“Exposjarrysition” (1953) : “Ce manuscrit n’est pas celui qui a servi à établir le fac-similé autographique, mais l’état immédiatement précédent. Très lisible déjà, il présente des corrections et additions écrites avec une plume très fine ou au crayon”. Les manuscrits Lormel de Faustroll, Les Jours et les Nuits et L’Amour absolu “constituent à eux trois le couronnement de l’exposition” (ibid.). Un autre manuscrit de L’Amour absolu faisait partie de la collection Sacha Guitry (Paris, 21 novembre 1974, n° 53).

L’Amour absolu fait le récit, sous hypnose, de la vie d’Emmanuel Dieu, prisonnier condamné à mort en attente de la guillotine. Le narrateur accède à son enfance où se tient une mère double, à la fois lascive et pure, nommée variablement Miriam et Varia. Le meurtre final de la mère est-il réel ou rêvé ? :

“S’il n’a pas tué, pourtant, ou si l’on n’a pas compris qu’il tuait, il n’a pas d’autre prison que la boîte de son crâne, et n’est qu’un homme qui rêve assis près de sa lampe”.