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La selle dite de Pancho Villa

Vendredi 26 janvier 2024

par Dionisio Rodriguez

Pancho Villa

Dionisio Rodriguez, actif à Mexico à la fin du XIXe siècle

Selle dite de Pancho Villa, c. 1900

en cuir brun, dite "silla de cantinas", sur une âme de bois, avec sacoches à rabats et quartiers réhaussés de fils d'argent, renforts et glands en métal argenté. Décor d'entrelacs et de végétaux stylisés. Signée sur une étiquette sur le troussequin "Antigua Fusteria / Del callejon de la Higuera Letra A. / Dionsio Rodiguez / Mexico". Arçon en cuir recouvert d'une fine peau de tambour, pommeau en soucoupe et troussequin renforcés de métal argenté.

Haut. 89 Long. 64 Prof. 33 cm.
Sur un support en bois.

Jointe : une paire d'étriers en bois et cuir.
Haut. 13 Long. 25 Prof. 13 cm.

Provenance : collection Patrick Picard (1951-2022), artiste créateur sur cuir, Vendée ; par descendance.

Dionisio Rodriguez, ca. 1900. A wood and leather saddle with silver ornaments said to have belonged to Pancho Villa.

La selle dite de Pancho Villa

Un rare modèle de Dionisio Rodriguez

Cette selle, dite "mexicaine", avec son large pommeau, est typique du Mexique et du Sud des États-Unis. Elle a été fabriquée par Dionisio Rodriguez, l’un des rares menuisiers-fabricants dont la trace soit conservée aujourd'hui. Il représente le Mexique à l’Exposition Universelle de Paris en 1889, avec 19 arçons sous le numéro 2471. Diversifiant ses productions, il est ensuite enregistré comme fabriquant d'embauchoirs pour chaussures dans le "Commercial Directory of the American Republics" en 1897-1899. La Collection Lusher, à Austin, Texas, conserve une autre de ses selles. Inspirée des selles arabes et espagnoles, la selle mexicaine est l'apanage des "Charros", propriétaires terriens et éleveurs de la seconde moitié du XIXe siècle non soumis à un domaine. Relativement lourde, elle vise surtout à privilégier le confort du cheval et de son cavalier et inclut des emplacements pour placer des armes et des outils, comme des carabines et des machettes. Créée à partir d'un squelette de bois recouvert de bandes de cuir de différentes couleurs pouvant se prolonger jusqu'aux étriers pour protéger le cavalier du sable et des broussailles, elle est ornée de motifs en argent massif. La complexité du processus de fabrication de cette selle implique le travail conjoint de différents artisans : un menuisier pour le squelette, un sellier pour les cuirs et un orfèvre pour les parties métalliques.

Pancho Villa : héros de la Révolution mexicaine

Ayant très peu servi, il s'agit d'une selle "de présent", réputée d'après la tradition de son propriétaire, que nous n'avons pu étayer, avoir appartenu à Pancho Villa (1878-1923). Hors-la-loi puis général de division et gouverneur de l’Etat de Chihuahua, il est l’un des plus célèbres acteurs de la Révolution mexicaine entre les années 1910 et 1920. Il dispose alors de la possibilité de battre monnaie pour payer ses troupes mais aussi des importations américaines en termes de chevaux, d’armes et de munitions. Le cheval tient une grande importance dans ses raids éclairs, lui permettant de se déplacer rapidement dans les régions escarpées du Nord du Mexique. Selon un de ses contemporains, dont l'anecdote est rapporté par Friedrich Katz dans « La vie et l’époque de Pancho Villa » : « C’est un cavalier remarquable, assis sur son cheval avec la facilité et la grâce d’un cow-boy, les courses droites et le style mexicain de la jambe raide, et utilisant seulement une selle mexicaine. Il aime son cheval, il est très attentionné de son confort, probablement en raison du fait qu'ils l'ont souvent aidé à s'échapper tant de fois de situations difficiles. ».

Toutes les selles connues ayant appartenues à Pancho Villa suivent la même typologie que celle des charros. Elles sont constituées d'un squelette de bois sur lequel viennent se fixer des bandes de cuir aux reliefs prononcés et polychromes avec des incrustations en argent massif, reprenant un vocabulaire lié aux symboles du Mexique, comme l'aigle et le serpent, associés à des entrelacs et des végétaux plus décoratifs en argent ou en cuir. La dernière selle lui ayant appartenue a été vendue le 28 janvier 2012 dans l'Arizona.

Nicolas Cléry
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