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Le dernier modèle de Renoir

Dimanche 28 janvier 2024

par Pierre-Auguste Renoir

Renoir et André 1918

Pierre-Auguste Renoir (Français, 1841-1919)

Andrée au chignon, 1919

Toile.
Cachet d'atelier en bas à gauche.

Haut. 30,4 Larg. 28 cm.

Provenance : succession de l'artiste ; ancienne collection de la galerie Bernheim-Jeune, Paris, 1919.
Certificat Art Loss Register, Londres du 19 avril 2024.

Pierre-Auguste Renoir, 1919. A portrait entitled "Andrée au chignon" (Andrée with a hair bun).

Avis d'inclusion dans le catalogue critique du peintre par le Wildenstein Institute en date du 27 mars 2015.

Bibliographie :
- "L'atelier de Renoir, tome II", Bernheim Jeune , Paris, 1931, pl 227, n°719 ;
- Guy-Patrice et Michel Dauberville, "Catalogue raisonné des tableaux pastels, dessins et aquarelles 1911-1919", Berheim-Jeune, 2014, reproduit p 359, n°4248.

Le dernier portrait peint par Renoir, par Aymeric Rouillac

Dernier portrait publié dans le catalogue rétrospectif « L’atelier de Renoir » en 1931 par Bernheim Jeune sous le n°719, cette toile n’est suivie que par l’ultime œuvre du maître, les « Pommes », réalisée deux jours avant sa mort. La jeune femme représentée est une rousse de 19 ans qui a illuminé les dernières années d’un homme perclus par l’arthrite, immobilisé dans sa chaise roulante et aux doigts duquel il fallait attacher un pinceau pour qu’il puisse peindre. Madeleine Heuschling (1900-1979), dite Andrée, entre en 1915 dans la vie de Renoir, auprès duquel Matisse l’a envoyé. Il a rencontré ce modèle à la beauté singulière à l'Ecole d'art décoratif de Nice, troublé de constater sa ressemblance avec « un Renoir ». Après Gabrielle, Andrée devient la muse du peintre qui confie : « Qu’elle est belle ! J’ai usé mes vieux yeux sur sa jeune peau et j’ai vu que je n’étais pas un maître mais un enfant ».

Un prodigieux cri d'amour

Avec Dédée, Renoir poursuit sa quête inlassable de la sensualité féminine : la moindre rose dans ses cheveux devient une allégorie de la beauté, et la nature au milieu de laquelle elle pose nue, une évocation de l’Antiquité rêvée. En 1916, après la mort de son épouse, Renoir rentre à Paris où son fils Jean, blessé sur le front, est en convalescence. Le jeune homme tombe à son tour sous le charme d’Andrée, à propos de laquelle il écrit dans ses mémoires : « Sa peau repoussait encore moins la lumière que celle de tous les modèles que Renoir avait eus dans sa vie. Elle chantait d'une voix un peu fausse des refrains à la mode… était gaie et dispensait à mon père les effluves vivifiantes de sa jeunesse épanouie. Andrée est l'un des éléments vivants qui aidèrent Renoir à fixer sur la toile le prodigieux cri d'amour de la fin de sa vie. »

La muse du père... puis du fils

De retour au domaine des Collettes, à Cagnes-sur-Mer, les séances de pose s’enchaînent. Andrée inspire à Renoir sa dernière grande toile testament, aux formes diluées et aux couleurs vibrantes : Les baigneuses, que ses fils offriront à la France (1918-19, Musée d’Orsay, Paris, RF 2795). L’artiste meurt chez lui le 3 décembre 1919, non sans avoir immortalisé Dédée dans cet ultime portrait, les cheveux relevés sur la tête, le regard bleu tourné vers la droite, le sourire attentif, se détachant sur un fond de verdure. Renoir soigne particulièrement le visage, laissant le fond de la toile par endroit nu ou esquissé à larges coups de brosse, comme un testament intime à l’intention de son dernier modèle. Moins de deux mois plus tard, Andrée devient madame Jean Renoir, qui l’épouse en janvier 1920 avec pour projet d’en faire une vedette de cinéma, sous le nom de Catherine Hessling. Après avoir inspiré les dernières années du maître impressionniste, la jeune niçoise devient ainsi la muse d’un flamboyant pionnier du cinéma français !
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