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Le trésor Bergevin reste au pays

Lundi 25 mars 2024

La Nouvelle République, Christophe Gendry

Des milliers de documents historiques, datant du 14e au 20e siècle qui dormaient au château de Saint-Gervais-la-Forêt ont rejoint les archives départementales.


Du haut des rayonnages empoussiérés de l’une des pièces du château de Saint-Gervais-la-Forêt, six siècles de l’histoire du Loir-et-Cher en général et de Blois en particulier contemplaient les descendants de Louis-Athanase et Louis-Catherine Bergevin. Les deux hommes – le père et le fils – qui ont vécu au 18e et au 19e siècles étaient d’importantes personnalités de leur époque : magistrats, châtelains, politiciens… Le père fut maire de Blois et son fils président de l’assemblée départementale. Ils étaient aussi des férus d’histoire et ont constitué un impressionnant fonds constitué de documents et de livres que leurs descendants, notamment Roland de Montrichard, ont enrichi. Voici quelques années, une partie de ce butin avait déjà rejoint la bibliothèque Abbé-Grégoire de Blois. Mais il restait en sommeil des milliers de pièces qui témoignent de l’activité politique, économique, religieuse, sociale, ou bien tout simplement de la vie quotidienne, du 14e siècle jusqu’en 1930.

Des pièces convoitées par une université américaine

Qu’en faire ? Comment les préserver ? Chargés par la famille propriétaire de les répertorier, de les estimer puis de leur trouver une destination – et donc un acquéreur – les commissaires-priseurs vendômois Philippe et Aymeric Rouillac ont conclu un accord avec le conseil départemental, pour une transaction de gré à gré. Montant de l’opération, également
financée par le service interministériel des archives de France : 50.000 €. Le prix à payer pour que ce trésor patrimonial, qui était convoité par une fondation américaine pour le compte d’une université « yankee », reste donc en Loir-et-Cher, à la
disposition des chercheurs.

Une mine pour les historiens

Dès à présent, les archives départementales y ont trouvé matière à concocter une passionnante micro-exposition,
« nouveau format accessible au public » mis en avant par Philippe Gouet, le président du CD 41.
Ce « best of » regorge de trouvailles surprenantes ou plus anecdotiques qui illustrent des chapitres marquants de l’histoire
du département et de la France, comme ces lettres qui révèlent l’implication du comté de Blois dans la guerre de succession de Bretagne, en 1344. Si certains épisodes prêtent à sourire, d’autres s’avèrent plus sombres, à l’image de l’ordre de démolition de temples protestants avant même que l’Édit de Nantes ne soit révoqué. Ou bien encore la décision de justice condamnant à mort un certain Pierre Le Roy, « marchant d’habits à Blois », pour avoir tué son épouse avec préméditation, en 1780. Cet assassinat avait valu à son auteur d’avoir « les membres et les reins rompus » sur un échafaud avant que son corps ne soit jeté « dans un bûcher ardent et ses cendres jetées au vent », à Vernou-en-Sologne.
Dans le formidable gisement, on trouve aussi le recueil d’une soixantaine de thèses de médecine soutenues au 19e siècle
par des praticiens du département. Les thèmes révèlent les préoccupations de l’époque, par exemple « les inconvénients
du port du corset pour les femmes ». Tout un programme !

Philippe et Aymeric Rouillac, qui se réjouissent d’avoir permis à cette abondante moisson de demeurer au pays, espèrent désormais que des générations d’historiens sauront en tirer profit. Dans l’immédiat, chacun peut donc admirer, jusqu’au 20 mai, des écrits qui ont traversé les siècles. Et c’est gratuit.

Pratique :
> L’exposition est visible jusqu’au 20 mai aux archives départementales, 2, rue Louis-Bodin, à Blois.
> Entrée libre du lundi au vendredi, de 9 h à 12 h 30 et de 13 h 30 à 17 h.
> Visites commentées : réservations au 02.54.58.41.24.
> Site internet : culture41.fr
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